Publié le août 11, 2021

L’équipe de La planification préalable des soins au Canada a récemment rencontré le Dr Sandy Buchman, ancien président de l’Association médicale canadienne et champion de la PPS, pour discuter de la planification préalable et des principales conclusions du sondage national de 2021 [link to French poll landing page]. Pour suivre le Dr Buchman sur Twitter : @DocSandyB.

Le Dr Buchman a été initié à la planification préalable des soins (PPS) dans les années 1980 lorsqu’il était médecin en soins primaires dans le domaine du VIH. Depuis, il est devenu un fervent défenseur de la PPS et de soins palliatifs et de fin de vie de qualité.

Le médecin connaît très bien la valeur des discussions de PPS, tant en tant que professionnel s’occupant de patients en période de crise qu’en tant que père d’enfants adultes et fils de parents vieillissants.

Son conseil aux Canadiens est simple : n’attendez pas qu’il soit trop tard. Agissez dès maintenant. Pendant que vous êtes en santé, amorcez la discussion avec vos mandataires, soit des personnes en qui vous faites pleinement confiance pour faire respecter vos volontés, vos valeurs, vos convictions et vos décisions en matière de soins de santé.

Cet article est le premier d’une série de plusieurs avec le Dr Buchman. Ici, le médecin aborde les obstacles et les occasions propices à la planification préalable des soins.

Le sondage national de 2021 nous a appris que très peu de Canadiens (7 %) parlent de planification préalable des soins avec leurs fournisseurs de soins de santé. À votre avis, pourquoi en est-il ainsi et que peut-on faire?

Malgré la pandémie de la COVID-19, nous sommes toujours une société qui refuse de discuter de la fin de vie et de la mort. Nous évitons le sujet parce qu’il est trop douloureux. Par notre culture, nous ne voulons pas affronter ce sujet, alors nous le repoussons.

Pour être bien honnête, je l’ai fait moi-même. Mais j’ai fini par entreprendre ma planification tout doucement, même si ma femme et moi sommes en assez bonne santé. Nos enfants grandissaient, et nous nous sentions plus à l’aise d’aborder le sujet. Nous avons entrepris la démarche parce que nous savions tous les deux combien elle est importante.

Les gens comprennent que l’exercice peut être facile, gratifiant et significatif, et ils en viennent à surmonter la procrastination et le déni. Si un médecin ou un prestataire de soins de confiance soulève la question sans porter de jugement, les gens sont prêts à écouter. Les prestataires peuvent ensuite proposer de l’information et des ressources fiables et dignes de confiance.

Les gens peuvent être très désireux de s’engager envers la planification préalable des soins et de poursuivre la démarche, mais cela nécessite l’encadrement et le soutien d’un professionnel de la santé de confiance. Je pense que les travailleurs de la santé ont un rôle vraiment important à jouer pour faciliter la démarche pour les Canadiens.

Selon votre expérience, quels sont les autres obstacles qui empêchent les gens d’amorcer leur planification préalable des soins?

Je pense que le peu d’information fournie par les prestataires de soins constitue un obstacle. Ce sujet n’est pas suffisamment abordé dans notre formation en soins de santé.

Aussi, nos barèmes d’honoraires ne prévoient peut-être pas une rémunération suffisante ou assez de temps pour permettre ces discussions, parce que la PPS n’est toujours pas considérée comme critique ou importante, et il faut du temps pour consigner ces discussions.

Le manque de modes de consignation est un gros problème, surtout lorsqu’un patient ne trouve plus son plan ou qu’il en a préparé un il y a longtemps. Mais qu’en serait-il si nous pouvions conserver ces documents dans le nuage, et s’ils pouvaient être consultés immédiatement et téléchargés en quelques secondes?

Mais outre les obstacles, il y a aussi des occasions favorables. La pandémie de la COVID-19 a sensibilisé le public aux discussions sur la fin de vie et la mort, en particulier dans les établissements de soins de longue durée. Les gens sont beaucoup plus conscients des maladies graves et de la nécessité de respecter les volontés des personnes gravement malades.

Je pense que les gens s’intéressent davantage aux enjeux de santé publique, ce qui pourrait jouer un rôle important dans la promotion de la PPS et dans l’éducation du public en ce qui concerne la nécessité d’effectuer la planification préalable des soins. Tout comme nous parlons des avantages des vaccins, nous devrions parler des avantages de la planification préalable des soins pour réduire la souffrance des gens.

Lorsqu’il s’agit de faire votre propre planification préalable des soins, il n’y a pas de meilleur moment que le présent.