Publié le août 12, 2021

Par Darren Cargill

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai utilisé les réseaux sociaux pendant la pandémie pour de nombreuses raisons : m’informer, m’évader, me connecter, chasser les trolls…

Une des véritables perles sur les réseaux sociaux pendant la pandémie a été plutôt improbable, et je parle de Stewart Reynolds, alias Brittlestar.

Ses courtes vidéos sur Twitter sont devenues incontournables. Avec la pandémie qui s’éternise, il a encouragé les Canadiens à être bienveillants, a remonté le moral des gens lorsqu’ils broyaient du noir, a aidé ceux qui hésitaient à se faire vacciner, et a fait rire lorsque les choses semblaient plus obscures.

Mais quel est donc le rapport avec Planification préalable des soins Canada, me direz-vous?

J’y viens. Nous connaissons les avantages de la PPS depuis des décennies.

Planification préalable des soins Canada décrit la PPS comme étant « une démarche de réflexion et de communication; c’est le moment d’examiner vos valeurs et volontés, et de communiquer aux autres vos préférences en matière de soins personnels et de santé dans l’éventualité où vous seriez incapable d’accepter ou de refuser des traitements ou autres interventions médicales ».

Commençons par décomposer la démarche :

Planification : préparer un plan

Préalable : le faire maintenant, pour plus tard

Soins : les soins que vous souhaitez recevoir

C’est simple, non? Eh bien, une récente enquête Nanos montre que même si de plus en plus de Canadiens amorcent ce type de discussions, beaucoup d’entre eux ont encore l’impression que :

  • la PPS est compliquée;
  • il est difficile de parler de PPS;
  • la PPS est importante, mais ils n’en ont pas parlé à un prestataire de soins.

Pourquoi les patients ne parlent-ils pas plus de PPS?

La réponse est la suivante : la PPS souffre d’un problème de relations publiques.

Alors, que pouvons-nous apprendre de Brittlestar?

Les gens aiment rire. Après tout, on dit que le rire est le meilleur remède. Certaines des rencontres les plus agréables et les plus drôles que j’ai eues avec des patients ont été des discussions sur la mort et le décès. Je parle de rire aux larmes, de rire à en avoir mal au ventre.

Comment régler le problème de relations publiques de la PPS?

Pourquoi ne pas adopter une « approche de santé publique » pour la PPS? Nous avons vu d’excellents exemples de cela pendant la pandémie. Prenons la santé publique d’Ottawa. Une campagne hilarante dans les réseaux sociaux a permis d’informer la population d’Ottawa et du reste du Canada sur la COVID-19, sur la nécessité du port du masque et de la distanciation sociale, sur les bienfaits de la vaccination et sur la façon d’avoir des relations sexuelles protégées sans porter une combinaison complète contre les risques biologiques.

Good job, Bruce: The guy behind North America’s top public health Twitter account, sur Macleans.ca (en anglais)

Suivez @OttawaHealth ou @OttawaSante sur Twitter.

http://phpci.info/public-health-approach

Si nous pouvons montrer aux gens comment avoir des relations sexuelles sans attraper la COVID-19, pourquoi ne pouvons-nous pas leur faire comprendre les avantages de la planification préalable des soins?

Le temps est venu d’essayer une approche différente.

Tout comme Kathy Kortes-Miller qui nous dit dans son livre que « parler de la mort ne nous tue pas », la planification préalable des soins ne tue pas non plus, à moins que vous la fassiez dans une baignoire en vous faisant griller des rôties. Et on peut même s’amuser un peu, pourquoi pas.

Mes études en médecine ont été difficiles. Être un père est difficile. Se raser plus d’une fois par semaine ou vider le lave-vaisselle, ça aussi c’est très dur. Mais pas la PPS. Ou du moins, elle n’a pas à l’être.

Planifier à l’avance permet également de réduire le stress chez nos proches et nos amis, qui pourraient avoir de la difficulté s’ils ne savent pas quelles sont vos volontés, ou qui pourraient même avoir à prendre des décisions à un moment de grand stress et d’incertitude.

Soyons sérieux un instant. Si soigner des patients en fin de vie m’a appris quelque chose, c’est bien la bravoure et la grâce dont ces gens font preuve. La grande majorité des gens (mais pas tous) veulent parler de leurs convictions, de leurs volontés et de leurs valeurs en matière de soins de santé. Ils ont simplement besoin de savoir que nous sommes ouverts à ces discussions et que nous serons à leurs côtés, autant dans les bons moments que dans les inévitables moments difficiles. Est-ce trop demander?

Sardoniquement et atypiquement vôtre,

Darren Cargill, MD
Windsor (Ont.)